Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/493

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Le roi donc lui ayant fait signe d’approcher :

— « Mon cher abbé, lui dit-il, je vous rencontre fort à propos ; j’ai un service à vous demander.

— À moi, Sire ?

— Oui, j’ai besoin d’une abbaye de bénédictins ; celle de Baigne est tout justement de l’ordre de saint Benoit, et je vous prie de vouloir bien me la céder.

— Sire, répondit l’abbé sans paraître aucunement ému de la demande qui venait de lui être faite, j’ai par malheur la tête excessivement dure. J’ai mis quarante ans à apprendre les deux premières lettres de l’alphabet, qui sont A B. J’espère que Votre Majesté voudra bien me donner autant de temps pour apprendre les deux lettres subséquentes, qui sont C D [1].

— Bien répondu, notre féal, répliqua le roi qui se prit à rire ; prenez tout le temps qu’il vous faudra pour apprendre C D, ou plutôt

  1. Historique.