Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/530

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elle s’y agenouille, et prie… Déjà plusieurs aveux se sont succédé… Elle s’arrête… Des sanglots étouffent sa voix… La faute qu’elle n’ose et qu’elle doit avouer lui semble indigne de pardon… Et pourtant cette faute que Colette se reproche comme un crime n’est pas celle de sa volonté — C’est celle de son cœur ; elle aime !… elle aime, quand à peine son époux est descendu dans la tombe… Elle aime !… Oh ! comme elle est coupable d’aimer !… Elle aime !… Qui ?… Le duc de Guyenne, le frère du souverain qui, sans pitié, l’a dépouillée de l’héritage que lui avait laissé l’époux dont, naguère, elle partageait la destinée, et vient de flétrir à jamais la mémoire de cet époux que son amour pour le frère de son persécuteur offense. Oh ! pourquoi ce jour où, ne pouvant désarmer l’inflexible rigueur du monarque, aux pieds duquel elle était prosternée, le duc éleva-t-il sa voix en sa faveur ? Depuis lors, cette voix, dont les accens pénétrèrent jusqu’à son cœur, eh bien ! elle croit toujours l’entendre. Le