Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/56

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les yeux sur le bastion de Mercœur, décoré partout de la double croix de Lorraine, pendant immobile à de larges chaînons de granit. Il crut voir errer sur les créneaux, évoquant aussi, lui, le fantôme de toute cette puissance morte, l’âme absorbée dans ses rêves d’ambition, les mains se crispant de rage de ne pouvoir presser un sceptre… il crut voir, dis-je, le fier duc de Mercœur, l’orgueilleux Philippe-Emmanuel de Lorraine, qui fit élever ce bastion qui a gardé son nom, et rappelle ses prétentions à la souveraineté de Bretagne, sa coupable résistance au pouvoir du Navarrois, sa tardive soumission, ce contrat de mariage de mademoiselle de Mercœur et du duc de Vendôme, signé comme traité de paix entre Henri IV et lui.

Son imagination revenant toujours, d’autres souvenirs beaucoup plus jeunes se présentèrent à sa pensée. Mais en foulant cette terre qui avait été arrosée de tant de flots de sang, en regardant ce fleuve dont tant