Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de cadavres avaient gonflé les ondes, il s’efforça à l’oubli ; car l’écho qui redisait ces derniers souvenirs, ce n’était plus l’esprit, c’était le cœur, le cœur tout saignant de regrets ; et le curé, pour lui imposer silence, ne jeta plus qu’un regard sur les fraîches giroflées dont les grappes d’or sortaient de la fente des pierres et continua sa route.

Après avoir traversé le pont sous lequel l’Erdre vient joindre ses eaux brunes aux flots verts de la Loire, il longea les quais, et se dirigea vers la Fosse ; c’est le nom du port.

L’aspect de la Fosse a quelque chose à la fois de noble, de pittoresque et d’animé. De hautes maisons, que l’œil d’un étranger doit prendre aisément pour autant de palais, règnent dans toute sa longueur. Des arbres géans, aux troncs séculaires, étendent d’un côté leurs vastes branches, au-dessus de ces maisons à l’architecture monumentale, et de l’autre, semblent près de heurter au passage les mâts des nombreux navires qui