Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/76

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que nous allons parcourir pour la première fois, et que lui va explorer pour la seconde.

Son père, d’une constitution robuste, d’une santé parfaite, était négociant, et entièrement absorbé par les intérêts de son commerce. C’était un homme froid et passif, méthodique d’âme comme de tête, et dont le cœur, aux mouvemens aussi réguliers que ceux d’un balancier de pendule gardait, sans jamais ralentir ou précipiter un seul temps, la plus admirable mesure dans les intervalles égaux de ses palpitations. C’était un de ces êtres comme on en rencontre parfois dans le monde, qui ayant fait une disposition géométrique de leur âme, casé chaque sentiment, chaque émotion, qui ne sentant le jour que ce qu’ils ont éprouvé la veille, que ce qu’ils ressentiront le lendemain, ne permettant jamais à aucune de leurs sensations d’empiéter sur le terrain d’une autre, de franchir la ligne de démarcation, traçant chaque compartiment où la raison a irrévocablement marqué leur place après avoir une fois pour