Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/77

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toutes pesé dans sa balance et mesuré de son compas leurs devoirs d’époux, de père, de citoyen et d’homme du monde.

Sa mère, au contraire, chétive et souffreteuse, était une femme impressionnable, expansive et tendre, souffrant à l’âme d’une plénitude de sensibilité. En veillant sur l’enfance maladive d’Arthur, en abritant cette fragile plante contre son sein maternel, madame Dérigny avait dû nécessairement projeter sur le caractère de son fils une ombre du sien. Arthur, d’enfant devenu homme, pendu encore au jupon de sa mère, avait pris d’elle cette habitude de tristesse permanente, de douleur, même sans objet, cette mélancolie profonde, amère et douce, se composant dans le cœur, de l’essence de ce qu’il peut avoir de plus tendres sentimens et qui n’est trop souvent, hélas ! que le principe du spleen.

Dans une âme ainsi disposée pour le recevoir, l’amour devait occuper une place immense. Une femme ! oh ! comme à ce mot, à