Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et toi, joyeuse enfant, toi, dont le présent sourit avec tant de confiance à l’avenir, épuise-la toute, si tu peux, cette coupe remplie d’espérance et d’amour que tes lèvres pressent encore. Que ton âme brûlante et pure aspire à soi comme un souffle vital tout ce qu’elle pourra contenir de suaves et ravissantes émotions. Dépense ton cœur, jeune fille, replie ta vie sur quelques heures, hâte-toi d’exister avant que la mort vienne, car elle peut venir… Tu es heureuse.

Depuis quelque temps, les fraîches couleurs des joues de Louise se nuançaient de marques blanches et violettes ; une teinte noirâtre assombrissait l’incarnat de ses lèvres ; ses yeux, qui étincelaient d’un éclat plus vif, avaient des regards plus ardens et plus prolongés ; mais sa voix, moins sonore et moins accentuée, ne laissait échapper que de lentes paroles que saccadait un léger frémissement. Souvent sa vue se troublait, ses membres tremblaient glacés par un froid subit, sa tête devenait brûlante, le sang se portait