Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Que chacun t’honore à sa maniere & selon ce que son cœur lui dictera de plus tendre & de plus enflammé : nous ne donnerons point de bornes à son zèle. Tu n’as daigné nous parler que par la voix éclatante de la nature. Tout notre culte se réduit à t’adorer, à te bénir, à crier vers ton trône que nous sommes foibles, misérables, bornés, & que nous avons besoin de ton bras secourable.

» Si nous nous trompions, si quelque culte ancien ou moderne étoit plus agréable à tes yeux que le nôtre, ah ! daigne ouvrir nos yeux & dissiper les ténebres de notre esprit ; tu nous trouveras fideles à tes ordres. Mais si tu es satisfait de ces foibles hommages que nous savons être dûs à ta grandeur, à ta tendresse vraiment paternelle, donnes-nous la constance pour persévérer dans les sentimens respectueux qui nous animent. Conservateur du genre humain ! toi, qui l’embrasses d’un coup d’œil, fais que la charité embrase de même les cœurs de tous les habitans de ce globe, qu’ils s’aiment tous comme freres, qu’ils t’adressent le même cantique d’amour & de reconnoissance !

» Nous n’osons dans nos vœux limiter la durée de notre vie ; soit que tu nous enleves de cette terre, soit que tu nous y laisses, nous n’échapperons point à ton regard : nous ne te demandons que la vertu, dans la crainte d’aller contre tes impénétrables décrets, mais humbles, soumis & résignés à tes volontés,