Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/140

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la voie lactée ne paroit pas plus que la trompe de la mite ? Rendons toutes nos pensées dignes du Dieu qui les voit naître & qui les observe. Combien de fois dans le jour : le cœur peut s’élancer vers lui & se fortifier dans son sein ! Hélas ! tout le tems de notre vie ne peut être mieux employé, qu’à lui dresser au fond de notre ame un concert éternel de louanges & d’actions de graces ! »

Le jeune homme ému, étonné, conserve la double impression qu’il a reçue presque au même instant : il pleure de joie, il ne peut rassasier son ardente curiosité ; elle s’enflâme à chaque pas qu’il fait dans ces deux univers. Ses paroles ne sont plus qu’un long cantique d’admiration. Son cœur palpite de surprise & de respect ; & dans ces instans sentez-vous avec quelle énergie, avec quelle vérité il adore l’Être des êtres ? Comme il se remplit de sa présence ! Comme ce télescope étend, aggrandit ses idées, les rend dignes d’un habitant de cet étonnant univers ! Il guérit de l’ambition terrestre & des petites haines qu’elle enfante ; il chérit tous les hommes animés du soufle égal de la vie ; il est le frere de tout ce que le créateur a touché[1].

  1. On a voulu ridiculiser un saint qui disoit : paissez, ma sœur, la brebis, bondisez de joie, poissons