Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/147

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turelle est une tour inébranlable[1] ; elle n’apporte point la discorde, mais la paix & l’égalité. Les fourbes qui ont osé faire parler Dieu au ton de leurs propres passions, ont fait passer pour des vertus les actions les plus noires ; mais ces malheureux, en annonçant un Dieu barbare, ont précipité dans l’athéisme les cœurs sensibles qui aimoient mieux anéantir l’idée d’un Être vindicatif que de montrer cet Être effroyable à l’univers[2].

Nous au contraire, c’est sur la bonté du Créateur si visiblement empreinte que nous

  1. La loi naturelle, si simple & si pure, parle un langage uniforme à toutes les nations ; elle est intelligible pour tout être sensible ; elle n’est point environnée d’ombres, de mysteres, elle est vivante, elle est gravée dans tous les cœurs en caracteres ineffaçables : ses décrets sont à couvert des révolutions de la terre, des injures du tems, des caprices de l’usage. Tout homme vertueux en est le prêtre. Les erreurs & les vices sont ses victimes. L’univers est son temple, & Dieu la seule Divinité qu’elle encense. On a répété ceci mille fois, mais il est bon de le redire encore. Oui, la morale est la seule religion nécessaire à l’homme ; il est religieux dès qu’il est raisonnable, il est vertueux dès qu’il se rend utile : en rentrant dans le fond de son cœur, en consultant son être, tout homme saura ce qu’il se doit à lui-même & ce qu’il doit aux autres.
  2. C’est en écrasant les hommes à force de terreurs, c’est en troublant leur entendement, que la