Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/148

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élevons nos cœurs vers lui. Les ombres d’ici-bas, les maux passagers qui nous affligent, les douleurs, la mort, ne nous épouvantent point : tout cela, sans doute, est utile, nécessaire, & nous est même imposé pour notre plus grande félicité. Il est un terme à nos connoissances ; nous ne pouvons savoir ce que Dieu sait. Que l’univers vienne à se dissoudre ! pourquoi craindre ? quelque révolution qui arrive, nous tomberons toujours dans le sein de Dieu. [1]


CHAPITRE XXII.

Singulier Monument.


Je sortois du temple. On me conduisit dans une place non éloignée pour considérer à loisir un monument nouvellement bâti : il étoit en marbre, il aiguisoit ma curiosité

  1. plupart des législateurs en ont fait des esclaves & se sont flattés de les retenir éternellement sous le joug. L’enfer des Chrétiens est sans contredit le blasphême le plus injurieux fait à la bonté & à la justice divine. Le mal fait toujours sur l’homme des impressions beaucoup plus fortes que le bien. Ainsi un Dieu méchant frappe plus l’imagination qu’un Dieu bon. Voilà pourquoi on voit dominer une teinte lugubre & noire dans toutes les religions du monde. Elles disposent les mortels à la mélancolie. Le nom de Dieu renouvelle sans cesse en eux le sentiment de la frayeur. Une confiance filiale, une espérance respectueuse honoreroient d’avantage l’Auteur de tout bien.