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Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/149

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& m’inspira le desir de percer le voile des emblêmes dont il étoit environné. On ne voulut pas m’expliquer ce qu’il signifioit ; on me laissa le plaisir & la gloire de le deviner.

Une figure dominante attiroit tous mes regards. À la douce majesté de son front, à la noblesse de sa taille, à ses attributs de concorde & de paix, je reconnus l’humanité sainte. D’autres statues étoient à genoux, & représentoient des femmes dans l’attitude de la douleur & du remords. Hélas ! l’emblême n’étoit pas difficile à pénétrer ; c’étoient les nations figurées qui demandoient pardon à l’humanité des playes cruelles qu’elles lui avoient causées pendant plus de vingt siecles.

La France, à genoux, imploroit le pardon de la nuit horrible de la S. Barthelemi, de la dure révocation de l’Édit de Nantes, & de la persécution des sages qui naquirent dans son sein. Comment avec la douceur de son front commit-elle de si noirs attentats ! L’Angleterre abjuroit son fanatisme, ses deux roses, & tendoit la main à la philosophie ; elle promettoit de ne plus verser que le sang des tyrans[1]. La Hollande détes-

  1. Elle a tenu parole.