CHAPITRE XXV.
Salle de Spectacle.
Après le dîné on me proposa la comédie.
J’ai toujours aimé le spectacle
& je l’aimerai dans mille ans d’ici, si je vis
encore. Le cœur me battoit de joie. Quelle
piéce va-t-on jouer ? Quelle est la piéce de
théâtre qui passera pour un chef-d’œuvre
parmi ce peuple ? Verrai-je la robe des Persans,
des Grecs, des Romains, ou l’habit
des François ? Détrônera-t-on quelque plat
tyran, ou poignardera-t-on quelqu’imbécille
qui ne sera point sur ses gardes ? Verrai-je
une conspiration, ou quelqu’ombre sortant
du tombeau au bruit du tonnerre ! Messieurs,
avez-vous du moins de bons acteurs ? De
tout tems ils ont été tout aussi rares que
les grands poëtes. — Mais, oui, ils se donnent
de la peine, ils étudient, ils se laissent
instruire par les meilleurs auteurs, pour ne
pas tomber dans les plus risibles contre-sens ;
ils sont dociles, quoiqu’ils soient moins illettrés
que ceux de votre siécle. Vous aviez
peine, dit-on, à rencontrer un acteur & une
actrice passables ; le reste étoit digne des treteaux
des boulevards. Vous aviez un petit
théâtre mesquin & misérable, dans la capitale
rivale de Rome & d’Athènes ; encore