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Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/182

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patience & résignation font tout ; mais j’ai bien peur que le mieux absolu ne soit pas de ce monde. Toutefois, c’est en le cherchant, je pense, que nous rendrons les choses au moins passables.


CHAPITRE XXVI.

Les Lanternes.


Nous sortimes de la salle du spectacle sans regret & sans confusion ; les issues étoient nombreuses & commodes. Je vis les rues parfaitement éclairées. Les lanternes étoient appliquées à la muraille, & leurs feux combinés ne laissoient aucune ombre ; elles ne répandoient pas non plus une clarté de réverbère dangereuse à la vue : les opticiens ne servoient pas la cause des oculistes. Je ne rencontrai plus au coin des bornes de ces prostituées qui, le pied dans le ruisseau, le visage enluminé, l’œil aussi hardi que le geste, vous proposoient d’un ton soldatesque des plaisirs aussi grossiers qu’insipides. Tous ces lieux de débauche où l’homme alloit se dégrader, s’avilir & rougir à ses propres yeux, n’étoient plus tolérés ; car toute institution vicieuse n’arrête point une autre sorte de vice, ils se tiennent tous par la main ; & malheureusement il n’est point