Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mon ame. Ainsi après ce sommeil passager que l’on nomme la mort, nous nous réveillerons à la splendeur de ce soleil éternel qui, en éclairant l’immensité des êtres, nous découvrira & la folie de nos préjugés craintifs & la source intarissable & nouvelle d’une félicité dont rien n’interrompra le cours.

Mais aussi, mortel, pour ne rien redouter, sois vertueux ! En marchant dans le court sentier de la vie, mets ton cœur en état de te dire : « ne crains rien, avance sous l’œil d’un dieu, pere universel des hommes. Au lieu de l’envisager avec effroi, adore sa bonté, espere en sa clémence, aye la confiance d’un fils qui aime, & non la terreur d’un esclave qui tremble, parce qu’il est coupable.


CHAPITRE XXVIII.

La Bibliotheque du Roi.


J’en étois-là de mon rêve, lorsqu’une maudite porte tournante, située au chevet de mon lit, en criant sur ses gonds, fit une révolution dans mon sommeil. Je perdis de vue & mon guide & la ville ; mais l’esprit toujours frappé du tableau qui s’y étoit vivement imprimé, je retombai heureusement dans le même songe. J’étois seul alors,