Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/256

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gée & suivie. Mais ce qui surtout favorisoit l’ordre, c’est qu’on avoit découvert une préparation qui préservoit les pieces conservées des insectes nés de la corruption.

Je me sentis opprimé du poids de tant de miracles. Mon œil embrassoit tout le luxe de la nature. Comme en ce moment j’admirois son auteur ! Comme je rendois hommage à son intelligence, à sa sagesse, à sa bonté plus précieuse encore ! Que l’homme étoit grand ! en se promenant au milieu de tant de merveilles rassemblées par ses mains, & qui sembloient créées pour lui, puisque lui seul a l’avantage de les sentir & de les appercevoir. Cette file proportionnelle, ces nuances observées, ces lacunes apparentes & toujours remplies, cet ordre gradué, ce plan qui n’admettoit point d’intermédiaire, après la vue des cieux, quel spectacle plus magnifique sur cette terre qui elle-même n’est cependant qu’un atôme[1] !

  1. Il faut avouer que l’histoire de la physique n’est que celle de notre foiblesse. Le peu que nous savons nous révele l’étendue de notre ignorance. La physique est pour nous, comme pour les Anciens, une science occulte. On ne peut lui contester quelques parties, on peut lui nier le tout. Quel est l’axiome qui lui soit particulier ? le projet d’une histoire naturelle est très digne d’éloges ; mais il est un peu fastueux. Tel homme a consumé sa vie à poursuivre la plus petite propriété d’un minéral, & il