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Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/258

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De tout tems il y a eu des secrets découverts par les hommes les plus grossiers en apparence ; on en a perdu plusieurs qui n’ont brillé que comme l’éclair : mais nous avons senti qu’il n’y a rien de perdu que ce qu’on veut bien qu’il le soit. Tout repose dans le sein de la nature ; il ne faut que chercher : il est vaste, il présente mille ressources pour une. Rien ne s’anéantit dans l’ordre des êtres. En agitant perpétuellement la masse des idées, les rencontres les plus éloignées peuvent renaître[1]. Intimement convaincus de la

  1. À voir le point d’où les hommes sont partis en physique, & le point où ils s’arrêtent aujourd’hui, il faut avouer qu’avec toutes nos machines nous ne faisons point un usage aussi étendu de notre sagacité & de notre pénétration. L’homme livré à lui-même sembloit plus fort qu’avec tous ces leviers étrangers. Plus nous avons acquis, plus nous sommes devenus paresseux. Ce nombre infini d’expériences n’a guère servi qu’à consacrer l’erreur. Content de voir on a cru toucher le but ; on a dédaigné d’aller plus loin. Nos physiciens glissent sur mille objets importans, dont ils paroîtroient devoir donner la solution. La physique expérimentale est devenue un spectacle ou plutôt une espèce de charlatanerie publique. Le démonstrateur aide souvent du doigt l’expérience qu’il a annoncée, si elle est paresseuse ou désobéissante. Que voit-on aujourd’hui ? Des découvertes isolées, inutiles ; des physiciens dogmatiques, immolant tout à un systême ; des diseurs de mots, éblouissant le vulgaire & faisant pitié à l’homme qui souleve l’écorce polie de