Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/276

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leur savoit bon gré d’avoir rassemblé les plus sublimes traits de la nature humaine : c’étoient de grands tableaux tirés d’après l’histoire. Ils avoient sagement pensé que rien ne seroit plus utile. Tous les arts avoient fait, pour ainsi dire, une admirable conspiration en faveur de l’humanité. Cette heureuse correspondance avoit jetté un jour plus lumineux sur l’effigie sacrée de la vertu : elle en étoit devenue plus adorable, & ses traits toujours embellis formoient une instruction publique, aussi sûre que touchante. Eh ! comment résister à la voix des beaux arts, qui d’une voix unanime encensent & couronnent le citoyen libre & généreux ?

Tous ces tableaux attachoient l’œil, & par le sujet & par l’exécution. Les peintres avoient sû réunir le trait italien au coloris flamand, ou plutôt ils les avoient surpassés par une étude approfondie. L’honneur, seule monnoie faite pour les grands hommes, en animant leurs travaux les récompensoit d’avance. La nature sembloit rendue comme dans un miroir. L’ami de la vertu ne pouvoit contempler ces belles peintures sans soupirer de plaisir. L’homme coupable n’osoit les regarder ; il auroit craint que ces figures inanimées n’eussent tout-à-coup pris la parole pour l’accuser & le confondre.

On me dit que ces tableaux étoient proposés au concours. Les étrangers y étoient admis : car on ne connoissoit pas cette pe-