Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le faste, la cupidité & la débauche, autant ils étoient devenus utiles, parce qu’ils n’étoient employés qu’à inspirer des leçons de vertu, & à donner à la ville cette majesté, ces agrémens, ce goût simple & noble qui par des rapports secrets élève l’ame des citoyens.

Ces écoles étoient ouvertes au public. Les élèves y travailloient sous ses regards. Il étoit libre à chacun d’y venir dire son avis. Cela n’empêchoit point que les maîtres pensionnés ne vinssent faire leur ronde ; mais aucun apprentif n’étoit l’élève titré de monsieur un tel, mais de tous les habiles maîtres en général. C’étoit en évitant l’ombre même d’esclavage, si funeste à la trempe mâle & indépendante du génie, qu’on étoit parvenu à faire des hommes qui s’étoient élevés au-dessus des chef-d’œuvres de l’antiquité ; de sorte que leurs tableaux étoient si achevés, si finis, que les restes de Raphaël & de Rubens n’étoient plus recherchés que par quelques antiquaires, gens de nature opiniâtre & toujours entêtés.

Je n’ai pas besoin de dire que tous les arts, que toutes les professions étoient également libres. Ce n’est que dans un siecle barbare, tyrannique, imbécille, qu’on a donné des fers à l’industrie, qu’on a exigé une somme d’argent de celui qui vouloit travailler, au lieu de lui accorder une récompense. Tous ces petits corps burlesques ne rassembloient