Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/290

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mortaliser & de répandre autant qu’il étoit possible.

La gravure est aussi féconde & aussi heureuse que la typographie : elle a l’avantage de multiplier ses épreuves, comme l’imprimerie ses exemplaires ; & par son moyen chaque particulier, chaque étranger peut se procurer une copie rivale du tableau. Tous les citoyens décoroient sans jalousie leurs murailles de ces sujets intéressans qui présentoient des exemples de vertus et d’héroïsme. On ne voyoit plus de ces prétendus amateurs, non moins vétilleux qu’ignorans, poursuivre une perfection imaginaire aux dépens de leur repos & de leur bourse, & toujours dupés, & surtout être bien faits pour l’être.

Je parcourus avec avidité ces livres volumineux où le burin décrivoit avec tant de facilité & de précision les contours & même les couleurs de la nature. Tous les tableaux étoient parfaitement saisis ; mais on avoit donné encore plus de soin à tous les objets relatifs aux arts & aux sciences. Les planches de l’Encyclopédie avoient été refaites entiérement, & l’on avoit veillé avec plus d’attention à l’exactitude rigoureuse qui devient alors le suprême mérite, parce que la moindre erreur est d’une conséquence extrême. J’apperçus un magnifique cours de physique traité dans ce goût ; & comme cette science porte surtout aux sens, c’est aux images qu’il appartient, peut-être, de la faire concevoir