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L’AN DEUX MILLE

qui étoit assez profonde pour tenir dans la tête, et qui d’ailleurs étoit entourée d’un bourrelet. Ce bourrelet, roulé avec grace, demeuroit plié sur lui-même lorsqu’il étoit inutile, & pouvoit se rabattre & s’avancer au gré de celui qui le portoit, pour le garantir du soleil ou du mauvais tems.

Ses cheveux proprement tressés formoient un nœud derrière sa tête[1], et un léger soupçon de poudre leur laissoit leur couleur naturelle. Ce simple accommodage ne présentoit point une pyramide plâtrée de pommade & d’orgueil, ni ces aîles maussades qui donnent un air effaré, ni ces boucles immobiles, qui, loin de retracer une chevelure flottante, n’ont d’autre mérite que celui d’une roideur sans expression comme sans grace.

    avec une complaisance marqué sur la chapitre des chapeaux. Ce morceau, traité avec soin, seroit curieux et intéressant ; j’y ferois contraster l’Angleterre & la France, l’une prendroit un petit chapeau, quand l’autre en prendroit un grand ; & celle-ci en quitteroit un grand, quand celle-là en quitteroit un petit.

  1. S’il me prenoit fantaisie de donner un traité sur l’art de la frisure, dans quel etonnement je jetterois les lecteurs, en leur prouvant qu’il y a trois ou quatre cent manières de tordre les cheveux d’un honnête homme. Oh ! que les arts ont de profondeur, & qui peut se vanter de les parcourir en détail !