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Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/31

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QUATRE CENT QUARANTE.

Son cou n’étoit plus étranglé par une bande étroite de mousseline[1], il étoit entouré d’une cravate plus ou moins chaude, suivant la saison. Ses bras jouissoient de toute leur liberté dans des manches médiocrement larges ; & son corps, lestement vêtu d’une espèce de soubreveste, étoit couvert d’un manteau en forme de robe, dont l’usage étoit salutaire dans les tems de pluie ou dans les froids.

Une longue écharpe ceignoit noblement ses reins, & procuroit une chaleur égale. Il n’avoit point de ces jarretières qui coupent les jarrets & gênent la circulation. Un long bas lui prenoit des pieds jusqu’à la ceinture, & un soulier commode entouroit son pied en forme de brodequin.

Il me fit entrer dans une boutique où l’on me proposa de changer de vêtement. Le siége sur lequel je me reposai n’étoit point de ces chaises chargées d’étoffes, qui fatiguent au lieu de délasser ; c’étoit une espèce de canapé court, revêtu de natte, fait en pente, & qui se prêtoit sur un pivot au mouvement du corps. Je ne pouvois me

  1. Je n’aime point que l’on crie contre nos cols ; il nous servent plus qu’on ne l’imagine. Les veilles, la bonne chère, & quelques autres excès, nous rendent pâles ; nos cols, en nous étranglant un peu, réparent ce défaut, & nous redonnent des couleurs.