Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aussi faut-il voir avec quel zèle il se porte à tout ce qui peut intéresser sa splendeur.

Chaque arrêt émané du sénat est motivé, & le sénat explique en peu de mots ses motifs & son intention. Nous ne concevons pas comment dans votre siécle (soi-disant éclairé) vos magistrats osoient dans leur morgue orgueilleuse vous proposer des arrêts dogmatiques, semblables aux décrets des théologiens, comme si la loi n’étoit pas la raison publique, comme s’il ne falloit pas que le peuple fût instruit pour se porter plus rapidement à l’obéissance. Ces Messieurs à triple mortier, qui se disoient les peres de la patrie, ignoroient donc le grand art de la persuasion, cet art qui agit sans efforts & si puissamment, ou plutôt n’ayant ni point de vue fixe, ni marche assurée, tour-à-tour brouillons, séditieux, esclaves rampans, ils encensoient & fatiguoient le trône ; tantôt se cabrant pour des minuties, tantôt vendant le peuple à beaux deniers comptans.

Vous pensez bien que nous avons réformé ces magistrats, accoutumés de jeunesse à toute l’insensibilité nécessaire pour disposer froidement de la vie, des biens & de l’hon-

    disent à un ou plusieurs : veillez pour nous. Les peuples ont toujours dit aux monarques : agissez pour nous, d’après nos volontés clairement connues.