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Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/328

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les femmes n’ont d’autre dot que leurs vertus & leurs charmes. Elles ont donc été intéressées à perfectionner les qualités morales. Ainsi par ce trait de législation nous avons abattu l’hydre de la coquetterie, si féconde en travers, en vices & en ridicules. — Quoi, point de dot ! Les femmes n’ont rien en propre, & qui peut les épouser ? — Les femmes n’ont point de dot, parce qu’elles sont par nature dépendantes du sexe qui fait leur force & leur gloire, & que rien ne doit les soustraire à cet empire légitime, qui est toujours moins terrible que le joug qu’elles se donnent à elles-mêmes dans leur funeste liberté. D’ailleurs cela revient au même : un homme qui épouse une femme, ne recevant rien d’elle, trouve à pourvoir ses filles sans bourse délier. On ne voit point une fille orgueilleuse de sa dot sembler accorder une grace à l’époux qu’elle accepte[1]. Tout homme nourrit la femme qu’il féconde, & celle-ci, tenant tout de la main de son mari, est plus disposée à la fidélité & à l’obéissance : la loi étant universelle, aucune n’en sent le poids. Les femmes n’ont d’autre distinction que celle que leur époux fait réjaillir sur elles. Toutes

  1. Une femme d’Athènes demandoit à une Lacédémonienne, ce qu’elle avoit apporté en dot à son mari ? — La chasteté, répondit-elle.