Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/330

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combien une loi si simple a banni de vices & de frivolités, tels que la médisance, la jalousie, l’oisiveté, l’orgueil de l’emporter sur une rivale, les petitesses, les misères de toute espèce[1]. Les femmes, au lieu de perfectionner leur vanité, ont cultivé leur esprit ; & au défaut de richesses, elles ont fait provision de douceur, de modestie & de patience. La musique & la danse ne forment plus leur mérite principal : elles ont daigné apprendre l’économie, l’art de plaire à leurs maris, & d’élever leurs enfans. L’extrême inégalité des rangs & des fortunes (le vice le plus destructeur de toutes les sociétés politiques) disparoit ici. Le dernier citoyen n’a point à rougir devant la patrie ; il s’allie au premier qui n’en conçoit point de honte. La loi a uni les hommes autant qu’elle a pu, au lieu de créer ces distinctions injurieuses qui n’ont jamais enfanté que l’orgueil d’un côté & la haine de l’autre, elle a mieux aimé rompre tout ce qui pouvoit diviser les enfans d’une même mère.

  1. La nature a destiné les femmes aux fonctions intérieures de la maison, & à des soins par-tout d’une même espèce. Elle a semé beaucoup moins de variété dans leur caractère que dans celui des hommes. Presque toutes les femmes se ressemblent : elles n’ont qu’un but, & il se manifeste dans tous les pays par des effets semblables.