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L’AN DEUX MILLE

comment, s’il vous plait ? — L’histoire rapporte que vous parliez toujours d’abattre ces vilaines maisons, & que vous ne les abattiez point. Un jour donc que vos échevins faisoient précéder un somptueux repas d’un maigre feu d’artifice, (le tout pour célébrer l’anniversaire d’un saint à qui, sans doute, les François ont la plus grande obligation) le bruit des canons, des boëtes & des pétards suffit à renverser les vieilles masures dressées sur ces vieux ponts ; ils tremblerent et s’écroulerent sur leurs habitans. Le bouleversement de l’un entraîna la ruine de l’autre. Mille citoyens périrent ; & les échevins à qui appartenoit le revenu des maisons, maudirent le feu d’artifice & jusqu’au repas.

Les années suivantes on ne fit plus tant de bruit à propos de rien. L’argent qui sautoit en l’air, ou qui causoit de graves indigestions, fut employé à faire somme pour la restauration & l’entretien des ponts. On regretta de n’avoir point suivi cette idée les années précédentes ; mais c’étoit le lot de votre siécle de ne vouloir reconnoître ses énormes sottises que lorsqu’elles étoient complétement achevées.

Venez vous promener un peu de ce côté ; vous verrez quelques démolitions que nous avons faites, je crois fort à propos. Ces deux aîles des Quatre Nations ne gatent plus un des plus beaux quais, en laissant subsis-