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Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/47

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QUATRE CENT QUARANTE.

ter des marques d’une Vindication Cardinale. Nous avons placé l’Hôtel-de-ville en face du Louvre ; & lorsque nous donnons quelques réjouissances publiques, nous pensons bonnement qu’elles sont faites pour le peuple. La place est spacieuse : personne n’est estropié par les feux d’artifice ou par les coups de bourrade de la soldatesque qui, de votre tems, (ô chose incroyable !) blessoit quelquefois le spectateur, & le blessoit impunément[1].

Voyez comme nous avons mis chaque statue équestre des Rois qui ont succédé au vôtre, au milieu de chaque pont. Cette file de Rois élevés sans pompe au sein de la ville, présente un coup d’œil intéressant. Dominant sur le fleuve qui arrose & féconde la cité, ils en paroissent les Dieux Tutélaires. Placés tous comme le bon Henri IV, ils ont un air plus populaire, que s’ils étoient renfermés dans des places[2] où l’œil est borné. Celles-ci, vastes & naturelles, n’ont pas jetté dans de grands fraix.

  1. C’est ce que j’ai vu, c’est ce que je défère publiquement aux magistrats, qui doivent plus veiller à la conservation d’un homme qu’aux apprêts de vingt fêtes publiques.
  2. Les maisons des traitans ceignent pour la plupart les statues de nos Rois. Il ne peuvent même après leur mort éviter le cercle des frippons !