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Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/66

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L’AN DEUX MILLE

la comparaison des pensées à perfectionner la maniere de sentir & de voir. Remarquez cependant que les écrivains prédominans, que les génies du siecle sont toujours les soleils qui entraînent & font circuler la masse des idées. Ce sont eux qui impriment les premiers mouvemens ; & comme l’amour de l’humanité brûle leur cœur généreux, tous les cœurs répondent à cette voix sublime & victorieuse qui vient de terrasser le despotisme & la superstition. — Messieurs, permettez-moi, je vous prie, de défendre mon siecle du moins dans ce qu’il avoit de louable. Nous avons eu, je crois, des hommes vertueux, des hommes de génie ? — Oui ; mais, barbares ! Vous les avez tantôt méconnus, tantôt persécutés. Nous avons été obligés de faire une réparation expiatoire à leurs mânes outragées. Nous avons dressé leurs bustes dans la place publique où ils reçoivent notre hommage & celui de l’étranger. Leur pied droit foule la face ignoble de leur Zoïle ou de leur tyran : par exemple, la tête de Richelieu est sous le cothurne de Corneille[1]. Savez-vous bien que

  1. Je voudrois bien que l’auteur eût nommé sur quelles têtes marcheront & Rousseau & Voltaire & ceux dont les noms s’unissent à ces grands noms. Il se trouvera sûrement des têtes mitrées & non mitrées qui ne seront pas à leur aise ; mais chacun son tour.