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Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/67

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QUATRE CENT QUARANTE.

vous avez eu des hommes étonnans ? & nous ne concevons pas la rage folle & téméraire de leurs persécuteurs. Ils sembloient proportioner leur dégré de bassesse au dégré d’élévation que parcouroient les aigles ; mais ils sont livrés à l’opprobre qui doit être leur éternel partage.

En disant ces mots il me conduisit vers une place, où étoient les bustes des grands hommes. J’y vis Corneille, Moliere, La-Fontaine, Montesquieu, Rousseau[1], Buffon, Voltaire, Mirabeau, &c. — Tous ces célèbres écrivains vous sont donc bien connus ? — Leur nom forme l’alphabet de nos enfans ; dès qu’ils ont atteint l’âge du raisonnement, nous leur mettons en main votre fameux dictionnaire encyclopédique que nous avons rédigé avec soin. — Vous me surprenez ! L’encyclopédie, un livre élémentaire ! Oh quel vol vous avez dû prendre vers les hautes sciences, & que je brûle de m’instruire avec vous ! Ouvrez moi tous vos trésors, & que je jouisse au même instant des travaux accumulés de six siécles de gloire !

  1. On veut parler ici de l’auteur d’Émile, & non de ce poëte empoulé, vuide d’idées qui n’a eu que le talent d’arranger des mots & de leur donner quelquefois une pompe imposante, mais qui cachoit ainsi la stérilité de son ame & la froideur de son génie.