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L’AN DEUX MILLE


CHAPITRE XII

Le College des Quatre Nations.


Enseignez-vous le grec & le latin à de pauvres enfans qu’on faisoit de mon tems mourir d’ennui ? Consacrez-vous dix années de leur vie (les plus belles, les plus précieuses) à leur donner une teinture superficielle de deux langues mortes qu’ils ne parleront jamais ? — Nous savons mieux employer le tems. La langue grecque est très-vénérable, sans doute, par son antiquité ; mais nous avons Homere, Platon, Sophocle parfaitement traduits[1] : quoiqu’il ait été dit par des pédans insignes qu’on ne pourroit jamais atteindre à leur beauté. Quant à la langue latine qui, plus moderne, ne

  1. Au lieu de nous donner des dissertations sur la tête d’Anubis, sur Osiris & mille rapsodies inutiles, pourquoi les académiciens de l’académie Royale des inscriptions n’occupent-ils leur tems à nous donner des traductions des ouvrages grecs ? Eux qui se vantent de les entendre. Demosthéne est à peine connu. Cela vaudroit mieux que d’examiner quelle sorte d’épingle les femmes romaines portoient sur leur tête, la forme de leur collier, & si les agraffes de leur robe étoient rondes ou ovales.