Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/8

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lent, qui marchent, & chez qui le principe actif de la vie n’a jamais poussé le moindre rejetton ! Déjà même la voix de la philosophie, lasse & découragée, a perdu de sa force ; elle crie au milieu des hommes comme au sein d’un immense désert.

Oh, si je pouvois partager le tems de mon existence en deux portions, comme je descendrois à l’instant même au cercueil ! Comme je perdrois avec joie l’aspect de mes tristes, de mes malheureux contemporains, pour aller me réveiller au milieu de ces jours purs que tu dois faire éclorre, sous ce ciel fortuné, où l’homme aura repris son courage, sa liberté, son indépendance & ses vertus. Que ne puis-je te voir autrement qu’en songe, année si désirée & que mes vœux