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Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/7

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l’intervalle des tems, absout, ou punit les maîtres de l’univers.

J’ai usé de l’empire que j’ai reçû en naissant ; j’ai cité devant ma raison solitaire les loix, les abus, les coutumes du pays où je vivois inconnu & obscur. J’ai connu cette haine vertueuse que l’être sensible doit à l’oppresseur : j’ai détesté la tyrannie, je l’ai flétrie, je l’ai combattue avec les forces qui étoient en mon pouvoir. Mais, auguste & respectable Année, j’ai eu beau, en te contemplant, élever, enflammer mes idées, elles ne seront peut-être à tes yeux que des idées de servitude. Pardonne ! Le génie de mon siécle me presse & m’environne : la stupeur règne : le calme de ma patrie ressemble à celui des tombeaux. Autour de moi, que de cadavres colorés qui par-