Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/89

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Nos rois ont donné toute leur attention à ce vaste projet qui intéressoit des milliers d’hommes. On a reconnu que l’étude par excellence étoit celle de la législation. Les noms de Lycurgue, des Solon, & de ceux qui ont marché sur leurs traces, sont les plus respectables de tous. Le point lumineux a parti du fond du nord ; & comme si la nature avoit voulu humilier notre orgueil, c’est une femme qui a commencé cette importante révolution[1].

Alors la justice a parlé par la voix de la nature, souveraine législatrice, mère des vertus & de tout ce qui est bon sur la terre : appuyée sur la raison & l’humanité, ses préceptes ont été sages, clairs, distincts, en petit nombre. Tous les cas généraux ont été prévus & comme enchaînés par la loi. Les cas particuliers en dérivent naturellement, comme des branches qui sortent d’un tronc fertile ; & la droiture, plus savante que la jurisprudence elle-même, appliqua la probité pratique à tous les événemens.

Ces nouvelles loix sont avares sur-tout du sang des hommes : la peine est proportionnée au délit. Nous avons banni & vos interrogatoires captieux, & les tortures de la

  1. On a brûlé à Paris secrettement une édition entière du code de Catherine II. J’en conserve un exemplaire, échappé par hazard des flammes.