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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/103

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« Démon, mon enfant, cria Saint-Ybars, navigue vers nous, viens.

Démon entendit ; mais il secoua la tête, et rama en désespéré.

Saint-Ybars cria de nouveau.

« Laissez-moi, répondit l’enfant, laissez-moi ; je veux m’en aller. »

Le sycomore arrivait, majestueux dans sa masse, impitoyable dans sa force. Ses racines sortaient de l’eau, du côté de Démon, et montaient dans l’air comme des griffes gigantesques et menaçantes.

Les nègres, ramenés par cette curiosité fébrile que provoque le spectacle du danger, s’étaient groupés sur le rivage et regardaient. Pélasge courut à eux, et les engagea, en leur montrant la chaloupe attachée près du wharf, à venir avec lui au secours des deux canots. Ils restèrent impassibles.

Sémiramis, à son tour, parut sur la levée ; elle entendit les vaines supplications de Pélasge. Elle arriva sur les nègres comme la foudre. Avant qu’ils eussent le temps de se reconnaître, elle en saisit un au collet, et le frappant, coup sur coup, de sa terrible baleine, elle le poussa vers la chaloupe.

« Canaille ! capon sans pareil ! ma fé vouzot marché, moin, » cria-t-elle.

Un jeune nègre sur qui elle se précipitait, tendit les bras pour parer les coups.

« Man Miramis, dit-il tremblant et effaré, pa taillé moin ! ma obéi.

« Ta obéi encor mieu avé ça, » répliqua la vieille en lui appliquant un coup qui le fit hurler de douleur.

Le jeune nègre sauta dans la chaloupe.

Quatre autres nègres s’empressèrent de rejoindre les deux premiers.

Sémiramis entra dans la chaloupe. Pélasge prit la barre.

En quelques secondes six avirons plongeaient dans l’eau, et l’embarcation s’éloignait. Chaque fois que la proue