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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/113

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fouet, elle comprit tout. Elle poussa un cri déchirant, et joignant les mains elle dit à Saint-Ybars d’une voix douce et sur le ton du reproche :

« Ah ! maite, vou pa juste ; mo mérité la mor, é vapé désonoré moin. Non, maite, pa fé ça ; pa fé taillé moin comme ça divan tou moune, comme ain voleuse. Vou riche, maite ; ain nesclave de moin ça pa fé arien pou vou ; fleuve pa loin : comandé moin, ma parti couri néyé moin laddan tou suite. »

Saint-Ybars demeura sombre, inflexible.

« Anon, assé jacacé comme ça, » dit Sémiramis en poussant Mamrie vers l’échelle.

Jim leva les yeux du côté de la galerie. Entre une colonne et un rideau, dans l’ombre d’une fente, il vit luire un fusil à deux coups. Il ne bougea plus.

« Ebin ! to paralizé don, lui cria Sémiramis ; ça ta pé attanne pou comancé to louvrage ? »

Jim roula de gros yeux blancs, et regarda sournoisement dans la direction de la galerie. Il vit les deux canons s’abaisser ; ils lui parurent gros comme des cheminées de bateau à vapeur. Il s’avança tout tremblant vers Saint-Ybars, et lui dit :

« Maite, mo pa capab fé kichoge comme ça ; mo ain nomme tro comifo pou taillé Mamrie. »

Saint-Ybars furieux fit d’effroyables menaces ; mais elles produisirent moins d’effet que le fusil de Démon.

L’économe accourut, appuya son fusil à un arbre, et prit le fouet de Jim, en disant :

« Attends ; je vais t’apprendre à obéir, moi. »

Mais Jim n’attendit pas ; il s’échappa en courant à toutes jambes. Alors, l’économe, le remplaçant, saisit Mamrie pour l’attacher. En même temps on entendit un bruit strident ; c’était un des rideaux de la galerie qui s’écartait, en glissant sur la tringle. Tous les regards se portèrent de ce côté : Démon était l’attitude du chasseur qui va épauler son fusil.

Les clameurs furibondes de Saint-Ybars avaient retenti jusque dans la chambre ou les dames s’étaient réfugiées.