Mamrie alla chercher Mme Saint-Ybars.
« Maman, dit Chant-d’Oisel, le moment prévu est arrivé ; c’est ce matin que votre fille se marie et vous quitte. Vous m’avez promis, vous savez, chère maman…. Vous allez, avec Mamrie, faire ma toilette de mariée qui sera aussi ma toilette de morte. Mes effets sont là, dans l’armoire ; ils m’attendent depuis trois semaines.
« Ma fille, dit Mme Saint-Ybars, tu veux donc absolument……
« Oui, maman, j’y tiens, comme je tiens à être aimée de vous jusqu’au bout. Ayez du courage encore cette fois ; vous en avez tant montré depuis tous nos malheurs ! Faites ce que je désire, chère maman ; aidez-moi à m’en aller, le cœur satisfait. Pélasge est averti ; je lui ai fait dire par Mamrie d’aller chercher le juge. »
Mme Saint-Ybars et Mamrie revêtirent Chant-d’Oisel de ses habits de noce. Elle voulut qu’on lui mît même ses souliers de satin blanc et ses gants.
« Mes cheveux, dit-elle, sont ce qui me reste de plus beau ; laissez-les tomber sur mes épaules et mon cou, ils cacheront ma maigreur. »
Quand sa couronne fut attachée et sa robe bien étalée, elle fit dire à Blanchette d’apporter un plein panier de roses et de violettes. Blanchette entra, les yeux noyés de larmes.
« Blanchette, dit Chant-d’Oisel, tu as toujours obéi à Nénaine ; obéis-lui une dernière fois, ne pleure pas. Répands ces fleurs sur mon lit, tout autour de moi. Comme elles sont fraîches ! quel parfum ! on dirait qu’elles font de leur mieux pour m’être agréables. Les roses et les violettes ont toujours été mes préférées ; elles fleurissent juste à temps pour recevoir mes adieux. »
On entendit du bruit dans le salon ; Chant-d’Oisel reconnut le pas de Pélasge, elle lui fit dire d’entrer.
Le juge qui accompagnait Pélasge était un ancien ami des Saint-Ybars, vénérable vieillard éprouvé, lui aussi, par un long enchaînement de malheurs.
Pour faire plaisir à Chant-d’Oisel, Pélasge avait revêtu