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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/154

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« Mo di vou, reprit Chant-d’Oisel, cé jordi mapé mouri.

« Pé don ! pa parlé comme ça, interrompit la bonne négresse en faisant un effort pour cacher son émotion.

« Si fé, recommença Chant-d’Oisel ; fo bien mo parlé, mo gagnin tou plin kichoge pou di vou. Dabor, mo pa oulé ain ote que vou touché mo pove piti cor, vou tendé ? Asteur, pranne moin é metté moin su sofa-là. »

Mamrie la prit dans ses bras et la posa sur le sofa, en se disant mentalement :

« Chère fie, to pa pésé lour, non ! »

Et tout haut :

« Di moin ça to oulé mo fé ; ma fé tou to volonté.

« Couté moin bien, répondit Chant-d’Oisel : metté dra prope dan mo litte. Apré, couri cherché dolo tchiède dan ain gran bakié. Va vidé ladan ain flacon plin dolo cologne, épi va lavé vou piti Chant-d’Oisel, comme vou té fé dan tan lé zote foi, eau Démon avé moin nou té tou lé dé tou piti. Apré ça, ma di vou ça vou gagnin pou fé.

« Oui, chère fie, dit Mamrie, ma contanté toi. »

Et elle sortit. En moins de dix minutes, elle rentrait portant, sur la tête, un grand baquet en cèdre rouge cerclé de cuivre jaune. Elle le posa près du sofa, ferma les portes, et revint avec une grosse éponge fine et un flacon d’eau de Cologne. En lavant Chant-d’Oisel, elle se disait intérieurement :

« Comme li changé ! comme li maigre ! Mo senti mo tchor tou séré ; mé fo pa mo pleuré, ça sré fé li tro la peine. »

Quand elle eut fini de laver et d’essuyer Chant-d’Oisel, elle lui passa une chemise de batiste, dernier reste de l’ancienne splendeur, et la replaça dans son lit. La malade se coucha sur le côté droit, en disant :

« Mo lasse, ma reposé ain brin. »

Au bout de quelques minutes, Mamrie l’aida à s’asseoir en l’appuyant à des oreillers.

« Merci, Mamrie, dit Chant d’Oisel ; asteur couri di moman li vini, nou pas gagnin tro tan, mo bien géné pou respiré ; mo faible, faible. »