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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/159

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CHAPITRE XXXIV

Les Funérailles



Mamrie coucha Chant-d’Oisel dans sa bière, comme autrefois elle la couchait dans on berceau. Selon le vieil usage du pays, le cercueil fut placé sur une table tendue de draps blancs tombant jusque sur le plancher, et piqués de feuilles d’oranger.

Pélasge envoya des messagers à cheval sur quelques habitations voisines, pour inviter verbalement un certain nombre de familles à l’enterrement. La sœur de Mme Saint-Ybars vint dans la matinée avec ses fils et ses filles.

À cinq heures et demie du soir, la maison était pleine d’invités. Un peu avant le coucher du soleil, le cortège se mit en marche. Quatre jeunes hommes, neveux de Mme Saint-Ybars, portaient la bière sur leurs épaules. Pélasge marchait immédiatement après eux, seul ; derrière lui, Mme Saint-Ybars, Mamrie et Blanchette s’avançaient de front ; puis, venaient la tante et les cousines de Chant-d’Oisel. Entre la famille et les amis, une petite charrette conduite par un vieux nègre portait Lagniape.

Dès le matin, une escouade de nègres, payée par Pélasge, s’était rendue dans les champs pour couper les grandes herbes qui encombraient le chemin.

La foule, muette et recueillie, traversait nu-tête la vaste plaine autrefois animée par les travailleurs et tout verte de cannes à sucre, maintenant déserte et envahie par des plantes sauvages.