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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/160

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Il y avait des absents. Les sœurs de Chant-d’Oisel avaient suivi leurs maris, dont l’un était allé tenter la fortune à San Francisco tandis que les autres étaient tous partis ensemble pour le Texas, dans le but d’y fonder une petite colonie. Ses deux frères, revenus mutilés du champ de bataille, étaient morts après la conclusion de la paix. De cette nombreuse famille il ne restait donc que Mme Saint-Ybars pour accompagner le cercueil de Chant-d’Oisel.

Le soleil était couché, quand on arriva sous le vieux sachem. Deux nègres maçons avaient ouvert le tombeau. Pélasge aida les porteurs à placer Chant-d’Oisel à côté des ossements de sa grand-mère.

Quand les maçons eurent replacé le marbre qui fermait le sépulcre, Pélasge les congédia.

La foule se retira sans bruit. Quelques personnes remarquèrent que Mlle Pulchérie n’était pas présente ; on leur apprit qu’elle s’était brouillée avec la sœur de Mme Saint-Ybars, et qu’elle tenait, à la Nouvelle-Orléans, une pension bourgeoise dont les hôtes principaux étaient des officiers de l’armée fédérale. On ajoutait que M. Héhé était son pensionnaire de fondation, qu’il occupait le haut bout de la table et découpait.

Une vieille mulâtresse, ancienne esclave des Saint-Ybars, était venue de très loin, pour assister aux funérailles de Chant-d’Oisel qu’elle appelait toujours sa petite maîtresse. Invitée par Lagniape à s’asseoir dans sa charrette, elle lui demanda des nouvelles de man Miramis et de M. Salvador. Lagniape lui apprit qu’ils étaient au Mexique, où ils se plaisaient beaucoup. Cependant, ajouta-t-elle, man Miramis aurait mieux aimé s’établir à la Havane, pour avoir des esclaves à dresser ; mais M. Salvador était un homme comme il faut, il avait préféré le Mexique, parce-que c’est un pays où tout le monde est libre.

Pélasge resta sous le sachem, plongé dans son chagrin et ses sombres réflexions. La brise du soir, en gémissant dans le feuillage, attira son attention ; il releva la tête, et remarqua que beaucoup de branches du chêne étaient