Aller au contenu

Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avançait la première d’un pas lent et réglé. Elles causaient. Blanchette aimait beaucoup à causer avec Mamrie ; elle la questionnait sur le temps passé, le bon vieux temps, comme elle disait, celui de son enfance. Démon et Chant-d’Oisel occupaient nécessairement une grande place dans tout ce que disait Mamrie. Les entretiens de Mamrie et de Blanchette finissaient toujours par Démon ; il arrivait bientôt, au plus tard dans les premiers jours de novembre ; naturellement elles ne pouvaient s’empêcher de se communiquer la joie que leur causait la perspective de son retour. Mais Blanchette revenait toujours à la question qu’elle s’était faite à elle-même, tant de fois, en regardant le portrait de son parrain : « Pourquoi a-t-il l’air si triste ? » Elle la posa de nouveau à Mamrie, en ajoutant cette remarque : « Parrain a toujours l’air de froncer le sourcil. » Mamrie soupira profondément, et dit que cela tenait à une blessure qu’il s’était faite vers l’âge de treize ans. Blanchette voulut savoir comment l’accident était arrivé ; Mamrie, par respect pour la mémoire de son ancien maître, éluda la question.


CHAPITRE XXXVI

Retour de Démon



Le 31 octobre, dès six heures du matin, il y avait une animation inaccoutumée dans l’ancienne maison de Vieumaite. On attendait Démon ; il était arrivé à Nouvelle-Orléans, d’où el avait écrit. On l’attendait à huit heures. Blanchette s’était levée la première, pour faire le café. Mamrie allait et venait, en tâtonnant et en renversant des