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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/181

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Démon supporta ce nouveau malheur avec une fermeté virile. Pas une plainte ne sortit de sa bouche, pas un cri de colère contre le sort qui semblait le poursuivre avec un acharnement implacable. Seulement il lui en resta une sombre tristesse. Pélasge eût voulu adoucir son chagrin ; mais comme Démon ne parlait jamais de la mort de sa mère, personne n’y faisait allusion devant lui. L’attitude de Démon donnait du souci à Pélasge. Tous les Saint-Ybars avaient manifesté, plus ou moins, un penchant à la superstition : Vieumaite seul avait fait exception à cette règle. Pélasge craignait que ce défaut de famille n’existât aussi chez Démon. Il soupçonna que son jeune ami se croyait sous le coup d’une fatalité inexorable. Il ne se trompait pas : Démon avait des pressentiments lugubres ; s’il les taisait, c’était par fierté ; il n’eût voulu, pour rien au monde, s’exposer à s’entendre dire qu’il y avait là une faiblesse d’esprit ou un manque de caractère. Dans le secret de sa pensée il ne douta plus qu’il ne fût né pour le malheur ; il se raidit intérieurement contre la mauvaise volonté du sort, et attendit ses nouveaux coups dans un silence stoïque.


CHAPITRE XL

Blanchette console Démon



Il n’y avait que Blanchette qui osât attaquer la mélancolie de Démon. Elle s’y prenait indirectement et très adroitement. Elle avait souvent entendu parler de la puissance extraordinaire de la musique sur les Saint-Ybars,