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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/185

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longue et lourde visite dont il assomma Démon, il s’était retiré d’un air piqué. En effet, la tenue réservée et digne de Démon lui avait déplu. Démon n’avait pas même souri à ses jeux de mots ; c’était un crime impardonnable ; il s’était fait un ennemi de M. des Assins. Or, M. des Assins n’était pas un ennemi sans conséquence. Il avait déjà tué deux hommes en duel, un troisième dans une bagarre fort louche, au sortir d’un bal, et estropié un quatrième pour le reste de ses jours. Il s’était promis, après sa visite chez le jeune Saint-Ybars, de s’en venger. Il allait partout répétant que ce beau Monsieur s’en croyait énormément, et qu’il avait besoin d’une leçon.


CHAPITRE XLI

Le préjugé de race. ― L’insulte



M. des Assins épiait l’occasion de chercher querelle à Démon. Les circonstances le servirent à souhait.

Un bruit étrange, une révélation, venue on ne savait d’où, courait d’habitation en habitation, mettant toutes les langues en mouvement.

« Le croiriez-vous, ma chère ?

« Qu’est-ce donc ?

« Mlle Blanchette est une fille de couleur.

« Pas possible !

« Oui, ma chère, elle a du sang de nègre dans les veines. La respectable Mlle Pulchérie en a la preuve ; elle a lu une lettre dans laquelle on voit toute l’affaire. Savez-vous qui était la mère de cette petite blanche de contrebande ?