contenance de brave, il avait une rose à sa boutonnière, et fumait un cigare en fredonnant un air de Fra Diavolo.
Pélasge en réveillant Démon, lui dit :
« Il fait presque froid ; habillez-vous chaudement, mais ayez soin de mettre les vêtements dans lesquels vous êtes le plus à votre aise. Il importe que vous ayez tous vos mouvements parfaitement libres. »
Démon se vêtit de noir et boutonna sa redingote jusqu’au col.
« Maintenant, dit Pélasge en lui présentant son fusil, épaulez trois ou quatre fois. »
Démon exécuta la manœuvre.
« C’est bon, remarqua Pélasge, vous n’êtes pas gêné dans vos entournures, ça ira. Allons prendre un peu de café. »
M. Héhé était dans la salle à manger. Il avait passé une mauvaise nuit ; la réflexion lui avait fait entrevoir des éventualités terribles. Démon pouvait, par miracle, échapper aux balles de M. des Assins. Et s’il venait à savoir que c’était lui MacNara, qui avait fait lire à Mlle Pulchérie la lettre que jadis M. de Lauzun avait prise dans la poche de Lagniape ! le jeune Saint-Ybars en serait furieux ; il n’écouterait que sa colère et provoquerait son ancien professeur en duel. Quelle perspective pour M. Héhé ! il en avait eu des sueurs froides.
Quand Démon et Pélasge entrèrent dans la salle à manger, M. Héhé y était déjà ; il s’était fait apporter une carafe de cognac.
« Messieurs, dit-il, prenons un petit verre de courage allemand.
« Je vous remercie, mon cher ancien professeur, répondit Démon, et je crois que vous feriez bien de renoncer à cette manière de parler. Les Allemands, voyez-vous, n’ont pas plus besoin que nous d’eau de vie pour avoir du courage.
« Démon a raison, observa Pélasge ; et puisque l’occasion s’en présente, je vous ferai remarquer, mon cher, que vous avez aussi l’habitude de dire soul comme un Polonais, blagueur comme un Parisien, filou comme un Grec, traître