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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/207

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Mamrie et Lagniape causèrent longtemps. Elles revinrent sur le passé. Mamrie pressa Lagniape de questions concernant les circonstances du vol de la lettre : elle était convaincue, disait-elle, que c’était cette lettre que Mlle Pulchérie avait lue. Elle demanda à Lagniape si elle n’avait jamais soupçonné personne. Lagniape répondit qu’elle avait plusieurs fois pensé que c’était M. de Lauzun qui avait fait ce vilain coup. Elle se souvenait très bien qu’à cette époque il était amoureux de Titia, et l’épiait constamment ; qu’il la persécutait de ses propositions, mais qu’elle ne voulait pas de lui. Mamrie se tut, et réfléchit. Elle se posa cette question : « Lauzun avait-il un intérêt à voler la lettre ? » elle se répondît : « Oui. » Elle se posa une autre question : « Était-il homme à aveugler Lagniape pour cela ? » Elle se répondit encore : « Oui. »

La conclusion s’imposait d’elle-même à Mamrie : tout le mal vient de Lauzun.

« Ain jour ou ain ote la payé moin ça, dit-elle, malgré mo aveugle. »

M. Héhé jugea prudent de s’éloigner. Sous prétexte que ses affaires le rappelaient à la Nouvelle-Orléans, il prit le premier bateau qui descendait. Mlle Pulchérie ne tarda pas à le rejoindre. Elle partit sans même prendre congé de Démon, l’abandonnant, comme elle disait, à son malheureux sort, puisqu’il avait assez peu de cœur pour s’entêter dans son idée d’épouser Blanchette.