Aller au contenu

Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sur sa figure et ses cheveux. Elle s’arrêta sur la cicatrice. Elle se pencha, et baisa Démon à l’endroit même où il avait été blessé.

Pélasge ne se sentit pas la force de supporter davantage ce douloureux spectacle ; il sortit.

Mamrie toucha les cheveux de Blanchette, baisa ses joues encore chaudes, soupira profondément et se redressa. Elle retira sa main gauche de celle de M. de Lauzun, et, la posant sur son épaule, elle dit :

« Lauzun, mo fi, to pa connin ça moune di ?….eh bien ! yé di cé toi qui cause tou maleur laïé rivé. Cé toi ki souflé, avec ain cerbacane, di poive é piman dan zié Lagniape, pou volé ain lette dan so poche. Cé toi ki cause Titia néyé li même dan pi. To cause Démon pranne poison-là ; to cause Blanchette mouri oucite. E to té eré tou ça sré pacé comme ça comme arien ! To cré ta sorti mézon cilà pou trompé fie encor avé to bel promesse, épi apré ça pou fé to faro é to vanteur. Non, mo garçon ; tan pou réglé to conte vini. »

Mamrie saisit M. de Lauzun par sa cravate, et dit :

« A genou, céléra !

« Mamrie, pa tranglé moin comme ça, s’écria M. de Lauzun, ou sinon ma cognin vou.

« Cognin moin, toi ! répliqua Mamrie…cé pa ain capon comme toi ka fé moin largué ça mo tchombo… A genou, mo di toi. »

Mamrie tordit la cravate, et, sans donner à M. de Lauzun le temps de se reconnaître, elle le fit tomber sur ses genoux. Éperdu, à demi asphyxié, il voulut parler ; mais sa voix ne put franchir le cercle qui étreignait son cou.

« Si to gagnin ain laprière pou fé, dit Mamrie, fé li vite. »

Et elle tira son couteau.

M. de Lauzun fit une horrible grimace en voyant luire la lame pointue et tranchante. Il agita vainement ses mains et ses pieds pour frapper Mamrie. Elle le laissa se débattre quelques secondes ; puis, d’un mouvement brusque, elle serra encore la cravate. M. de Lauzun porta rapidement ses mains à son cou, et essaya, dans un dernier effort, d’écarter