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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/221

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les doigts de Mamrie. C’était justement là qu’elle l’attendait ; elle profita de ce moment, pour plonger son couteau dans sa poitrine en s’écriant :

« Cé pa la peine to résisté, céléra ; fo to mouri. »

Sentant, au poids du corps de M. de Lauzun, qu’il était sans vie, elle le laissa aller. Elle se rapprocha de Démon et de Blanchette, et s’agenouilla de manière à appuyer son dos à leurs corps.

Les dernières paroles de Mamrie, prononcées d’une voix tonnante, étaient arrivées jusqu’aux oreilles de Pélasge et de Livia. Ils accoururent ensemble. Mamrie venait d’essuyer son couteau sur sa robe. Elle inclina sa tête en arrière, en disant :

« Chant-d’Oisel, Démon, Blanchette, cher piti, zote apé attanne Mamrie : alà li ! »

Elle posa la pointe de son couteau entre la clavicule et le cou.

Pélasge et Livia se précipitèrent vers elle, pour arrêter sa main ; ils n’arrivèrent pas à temps : la lame disparut jusqu’au manche. Mamrie étendit les bras, l’un sur Démon l’autre sur Blanchette, et sa tête s’inclina lentement du côté de Démon, comme sous le poids d’un doux sommeil.


CHAPITRE XLVIII

Isolement



L’épouvantable tragédie n’était pas finie. Qu’était devenue Mlle Georgine ? On la chercha vainement tout le jour. Sa mère et ses sœurs passèrent une nuit d’angoisse.