Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Chapitre III

L’Habitation. ― Vieumaite.


L’Océola était en retard de plusieurs heures ; l’épais brouillard qui avait couvert les eaux et les rives du Mississippi, la nuit précédente, l’avait forcé à ralentir sa marche, plusieurs fois même à s’arrêter. Il était deux heures de l’après-midi, quand Saint-Ybars, averti par le sifflet, se disposa à débarquer. Son habitation était située sur la rive gauche ; on la reconnaissait de loin à son wharf, sur lequel s’élevait un élégant pavillon destiné à servir d’abri contre la pluie ou les ardeurs du soleil.

Une voiture attelée de deux chevaux magnifiquement harnachés, attendait Saint-Ybars sur la voie publique, au bas de la Levée. Il y a monta avec sa fille et Pélasge ; Titia s’assit à côté du cocher. Un domestique reçut l’ordre de conduire Fergus auprès du maître de forge. Une vieille négresse, qui ramassait du bois de dérive, fut chargée de faire prendre à Lagniape un sentier qui abrégeait la route. Une belle porte cochère donnant sur le chemin public, s’ouvrit ; la voiture entra, et roula sur une chaussée que bordait, à droite et à gauche, une allée de chênes. Au bout de l’avenue, à un demi-mille de distance, on voyait la maison du riche planteur au milieu d’un grand jardin.

La demeure de Saint-Ybars était dans le style des maisons de campagne louisianaises ; elle en différait seulement par ses proportions plus grandes, et par la disposition particulière du toit. Elle formait un vaste carré dont chaque côté, au rez-de-chaussée et au premier étage, présentait une galerie avec huit colonnes sur chaque face ; les colonnes d’en bas étaient d’ordre dorique, celles d’en haut d’ordre