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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/59

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s’aimaient comme des frères sans s’être jamais dit qu’ils le fussent. Salvador avait pour Saint-Ybars une de ces affections qui ne reculent devant aucun sacrifice. Il avait toujours été le confident de ses chagrins. Il appréciait, mieux que personne, ce qu’il y avait de bon au fond de cette nature impérieuse et emportée. Sage et toujours maître de lui-même, il plaignait sincèrement Saint-Ybars quand il le voyait en proie à quelque passion qui le rendait malheureux ; il en gémissait, et faisait tout ce qui dépendait de lui pour rétablir le calme dans cette âme orageuse.

Miramis tenait à la famille Saint-Ybars plutôt par orgueil que par affection, à peu près comme une duchesse tient à ses titres ; la passion du commandement avait étouffé chez elle les facultés affectives ; elle n’aimait qu’un être au monde, c’était Salvador : mais il faut lui rendre justice, elle avait pour lui l’affection qu’on rencontre chez les mères les plus dévouées.


CHAPITRE X

Les Indiens. ― Le vieux Sachem



Revenons à Pélasge et à son élève. Après avoir pris l’excellent café que Mamrie leur avait préparé, ils se mirent en route pour se rendre au camp des Indiens. La veille, après le dîner, Pélasge regardant le couchant du haut de la galerie, avait remarqué une masse de verdure sombre, qui de loin tranchait sur l’immense nappe des cannes à