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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/78

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quelqu’un qui n’est pas pressé d’arriver ; il n’avait pas la moindre envie de dormir. Le hasard le fit passer devant l’enceinte du sachem. Il s’arrêta un instant, pour contempler ces cyprès qui se dessinaient, noirs et immobiles, à la lumière des étoiles, et le dôme imposant du vieux chêne. Par moments toute la masse devenait plus sombre ; puis, au bout de quelques minutes, elle sortait de l’obscurité et semblait grossir. Cet effet était dû aux nuages qui recommençaient à passer au-dessus de la savane. Cette succession de ténèbres et de clarté, lui donna l’idée de s’approcher de la porte de l’enceinte, pour voir, à travers le grillage, les oppositions de l’ombre et de la lumière sous le feuillage. Il jouissait de ce spectacle depuis quelques minutes, un bras appuyé à la porte, lorsqu’il s’aperçut qu’elle cédait sous le poids de son corps ; il la poussa, elle s’ouvrit sans résistance. Il pensa que le gardien avait oublié de la fermer.

« Ma foi, se dit-il, puisque l’occasion s’en présente, allons voir le sachem à cette obscure clarté qui tombe des étoiles, comme dit notre Corneille, ce vieux chêne de la poésie française. »


CHAPITRE XV

Sous le Sachem



À peine Pélasge écartait-il les ramuscules, pour pénétrer sous la voûte, qu’une nuit épaisse se fit ; de gros nuages noirs couvraient tout le ciel. Il avança en tâtonnant.