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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/80

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Engagez-vous solennellement à ne plus troubler mon repos, ou laissez-moi partir.

La voix d’homme. ― « Quoi ? Ne plus vous parler de ce qui est ma vie elle-même ! quoi ? m’ôter moi-même le droit d’espérer que je parviendrai enfin à vous fléchir !… non, jamais.

La voix de femme. ― « Alors, Monsieur, acceptez mon dédit.

La voix d’homme. ― « Vous auriez pourtant le courage de me déchirer ainsi le cœur. Je suis bien malheureux ! Parvenu à mon âge, j’éprouve pour la première fois, oui la première fois, la passion la plus forte et la plus douce qui puisse remplir l’âme ; et dire que la personne à qui elle s’adresse, est sans pitié pour moi ! Non, non, vous n’aurez pas la barbarie de me quitter. Voyons, rappelez-vous mes dernières propositions ; réfléchissez, il y va de votre avenir ; plus tard, quoiqu’il arrive, si vous acceptez mes offres, vous aurez une position assurée.

La voix de femme. ― « Assez, Monsieur ! c’est trop m’insulter. C’est à moi de vous dire : ― Réfléchissez ; il y va de votre honneur. ― Mais non, je ne vous parlerai pas de vous, puisque, dites-vous, le soin de votre dignité est une affaire qui ne regarde que vous. Mais moi, Monsieur, si j’acceptais ― enfin, donnons à la chose son vrai nom ― je serais votre concubine. Concubine à prix d’argent…ah ! Monsieur, ne renouvelez pas votre outrage ; de toutes les douleurs de ma vie je vous dois la plus poignante. Mais pensez-y donc ! ce serait l’infamie jointe à la trahison, ce serait de ma part, envers votre femme toujours admirablement bonne pour moi, l’ingratitude dans tout ce qu’elle a de plus odieux.

La voix d’homme. ― « ne me parlez pas de ma femme, si vous ne voulez m’exaspérer. Elle a faussé ma destinée ; elle est la malédiction de ma vie, puisque sans elle je pourrais vous épouser.

La voix de femme. ― « Si vous n’aimez plus cette sainte mère de famille, au moins respectez-la. Mais votre fille, Monsieur, vous ne me défendrez pas d’en parler. Voudriez-